En 1910, un peintre, Picasso, découvrit dans l’oeuvre d’un poète un nouveau mode d’inspiration. Depuis, les peintres n’ont cessé de s’éloigner de là description, de l’imitation des sujets qui leur étaient proposés : des images n’accompagnent un poème que pour en élargir le sens, en dénouer la forme.
Picasso : Saint‑Matorel, le Siège de Jérusalem (Max Jacob). — Cravates de chanvre (Pierre Reverdy).
Max Ernst : Répétitions — Weisst du Schwartz du (Arp) — Mister, Fork miss Knife (René Crevel) — Le Château étoilé (André Breton) — La Maison de la peur, la Débutante (Leonora Carrington).
Arp : Vingt-cinq poèmes, Cinéma calendrier du coeur abstrait maisons, De nos oiseaux (Tristan Tzara).
Yves Tanguy : Dormir dormir, dans les pierres (Benjamin Péret).
Georges Braque : Le Piège de Méduse (Erik Satie).
Marcoussis : Alcools (Guillaume Apollinaire) — Indicateur des chemins de coeur (Tristan Tzara).
S. W. Hayter : L’Apocalypse, Ombres portées (Georges Hugnet).
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Fernand Léger : Lunes en papier (André Malraux).
Joan Miro : Il était une petite pie (Lise Hirtz) — Enfances (Georges Hugnet).
Salvador Dali : Les Chants de Maldoror (Lautréamont).
Man Ray : Facile.
Hans Bellmer : OEillades ciselées en branche (Georges Hugnet).
Pour collaborer, peintres et poètes se veulent libres. La dépendance abaisse, empêche de comprendre, d’aimer. Il n’y a pas de modèle pour qui cherche ce qu’il n’a jamais vu. A la fin, rien n’est aussi beau qu’une ressemblance involontaire.
Parler pour parler est la formule de délivrance.
NOVALIS, Fragments.
Les analystes patients laissent parler le malade, sûrs que l’important et le vrai remonteront à la surface même sans qu’ils s’en mêlent. Je présume que c’est par ce chemin que Freud est arrivé à sa découverte fondamentale. Il lui fallait écouter et il a donc écouté. Et à la fin vint la chose cachée, que le flot de paroles était destiné à recouvrir.
FR. WITTELS, Freud.
Le « transfert » s’établit spontanément dans toutes les relations humaines, aussi bien que dans le rapport de malade à médecin ; il transmet partout l’influence thérapeutique, et il agit avec d’autant plus de force qu’on se doute moins de son existence.
SIGMUND FREUD, Cinq leçons sur la psychanalyse.
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Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaitre que la plus grande liberté d’esprit nous est laissée. A nous de ne pas en mésuser gravement. Réduire l’imagination à l’esclavage, quand bien même il y irait de ce qu’on appelle grossièrement le bonheur, c’est se dérober à tout ce qu’on trouve, au fond de soi, de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être, et c’est assez pour lever un peu le terrible interdit...
ANDRÉ BRETON, Manifeste du Surréalisme.
... Ainsi l’idéalisme du médecin-philosophe Havelock Ellis vient-il rejoindre, sur le solide terrain des faits, le matérialisme du philosophe-médecin La Mettrie. « Chaque homme porte donc en soi le germe de son propre bonheur, avec celui de la volupté », concluait déjà (La Mettrie : OEuvres Philosophiques, 1774) le disciple de Boerhaave et le maître de Sade. Germe précieux au gré de certains qui ne souffriront plus qu’il s’étiole et périsse dans la prison du conformisme. Pour eux, nulle activité humaine, même irrationnelle, ne saurait être proscrite ni refoulée, aucune portion de la vie être condamnée à mort. Au vrai, s’il ne reste sur le globe qu’une étendue bornée de terres inconnues, en l’homme même, cet insatiable conquérant d’espace et de temps, s’ouvre un monde mouvant et sans limites, dont l’exploration commence à peine et, peut‑être pour sa suprême joie, risque de recommencer chaque jour.
MAURICE HEINE,
Confessions et observations psycho-sexuelles.
Si l’on consent à prêter l’oreille au discours de cet homme qui passa presque toute sa vie en prison,
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enfermé en tête à tête avec son terrible et mathématique génie, on croit assister à la découverte du mouvement perpétuel. Alors que tous les ouvrages de l’esprit portent en eux des déchirures, des difficultés, des problèmes, des blessures, et même souvent ne semblent animés que par ces problèmes mêmes et ne vivre que de ces blessures, les poèmes du marquis de Sade sont des machines dont on ne peut prévoir l’épuisement, qui se meuvent comme des forces de l’univers, qui semblent, si on ne leur invente quelque, obstacle arbitraire, ne devoir jamais perdre leur énergie.
JEAN CASSOU, Pour la poésie.
... la première étape entreprise vers l’avenir se doit de supprimer l’existence d’un amour supernaturel, immatériel et divin. La présence du mythe christique doit être abolie. Le cadavre de Jésus doit cesser de s’interposer entre les hommes et les femmes. Le portrait de l’omme vivant, riche de son effort, conscient de sa puissance, doit remplacer celui du misérable condamné, de l’imparfait définitif que l’Église nous a présenté depuis des siècles.
De même que la foi ne peut plus être séparée de l’assurance scientifique, la poésie n’accepte plus, d’être reléguée loin de la réalité. Il appartient aux poètes de cesser leur jeu dangereux de sentimentalisme dans les nuées. Nous leur demandons de revaloriser nos corps dépréciés, nos caresses profanées. Nous attendons d’eux l’étude et l’agrandissement du réel non sa condamnation.
PIERRE MABILLE, Thérèse de Lisieux
Pourquoi t’agenouiller ? Ta fierté s’est composée dans la douleur, lève-toi, n’abdique pas, ne va pas t’ensevelir sous les ruines froides d’une religion que tous les hommes vont oublier, frénétiquement.
Allons, tu es, comme moi, fortement lié à l’avenir, par le présent. Consentirais-tu à écrire en une langue inconnue de très longs textes que tu ne pourrais pas relire ?
Tu te lèves. Ne t’excuse pas : tu te prenais pour un autre, celui qui n’écrit pas tes poèmes.
Parmi les choses sans valeur et sans aucune utilité qui s’énumèrent, la poésie est très certainement une des plus impressionnantes. Comment expliquer que ce soit précisément le filon que l’homme songe d’abord à exploiter aux premiers mouvements de son impétueuse jeunesse? Et d’autre part comment contempler sans un triste sourire l’idée que l’on puisse vieillir en mâchonnant des vers. Avec beaucoup plus de rigueur que les généraux rancis, les poètes devraient être frappés par la limite d’âge. Il y a des choses plus vaines dans la vie que toutes ces beautés auxquelles nous avons un jour accordé une si exclusive importance. Après avoir traversé sans faiblir
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l'âge du rêve, l’âge de l’image et celui des pensées, voici qu’arrive l’âge d’or et celui de la pierre...
PIERRE REVERDY,
Prière d’insérer de Flaques de Verre.
Quand la conscience que ce qui est humain est divin, que ce qui est fini, borné est infini se sera une fois emparée de l’homme, sera devenue chair et sang, alors on verra naître une poésie nouvelle et un art nouveau qui surpasseront en énergie, profondeur et inspiration tout ce qui a été produit jusqu’à ce jour. La croyance à la vie future est une croyance absolument impoétique. La source de la poésie c’est la douleur... La croyance à la vie future, parce qu’elle fait de toute douleur un mensonge, ne peut être la source d’une inspiration véritable.
LUDWIG FEUERBACH, La Religion.
Il y a assurément un autre monde, mais il est dans celui-ci et, pour atteindre à sa pleine perfection, il faut qu’il soit bien reconnu et qu’on en lasse profession. L’homme doit chercher son état à venir dans le présent, et le ciel, non point au-dessus de la terre, mais en soi.
IGNAZ-VITALIS TROXLER, cité par
Albert Béguin dans l’Ame romantique et le rêve.
Et maintenant, ce Coeur Divin. – quel est-il ? C’est notre propre coeur.
EDGAR POE, Euréka.
Le reste, la morale d’autrefois c’est un crime, et n’y pas penser une injustice.
PIERRE REVERDY, Poèmes en prose.
SOURCE: Eluard, Paul. Donner a voir. Paris: Gallimard, 1939. [219 pp.] Physique de la Poésie (pp. 150-157) dans section Premières vues anciennes (pp. 113-178).
Note: This section of this volume contains a famous quote most often attributed to Eluard: Il y a assurément un autre monde, mais il est dans celui-ci [...], usually translated as There is another world, but it is in this one. However, Eluard quotes Ignaz-Vitalis Troxler who in turn quotes Albert Béguin. Others have picked up this quote as well. One background article on the subject is There is another world, and it is this one.
For more quotes by Ludwig Feuerbach see Premières vues anciennes (Poésie, Ludwig Feuerbach, Arthur Rimbaud). For another quote by Poe see Premières vues anciennes (William Blake et al).
Beyond Deduction and Induction: Towards Perfect Truth According to Edgar Allen Poe
Sigmund Freud on Franz Brentano (& other philosophers)
Sigmund Freud on Ludwig Feuerbach
Ludwig Feuerbach: A Bibliography
Historical
Surveys of Atheism, Freethought, Rationalism, Skepticism, and Materialism:
Selected Works
Offsite:
Paul Éluard - Wikipedia, the free encyclopedia
Paul Eluard site officiel - Paul Eluard
Paul Eluard. Donner à voir. (extrait) - nuageneuf.over-blog.com
There
is another world, and it is this one.
(McKenzie Wark, Public Seminar, January 14, 2014)
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