PAUL KLEE
Sur la pente fatale le voyageur profite
De la faveur du jour, verglas et sans cailloux,
Et les yeux bleus d’amour, découvre sa saison
Qui porte à tous les doigts de grands astres en bague.
Sur la plage la mer a laissé ses oreilles
Et le sable creusé la place d’un beau crime.
Le supplice est plus dur aux bourreaux qu’aux victimes,
Les couteaux sont des signes et les balles des larmes.
1925. — Capitale de la douleur.
JOAN MIRÓ
Soleil de proie prisonnier de ma tête,
Enlève la colline, enlève la forêt.
Le ciel est plus beau que jamais.
Les libellules des raisins
Lui donnent des formes précises
Que je dissipe d’un geste.
Nuages du premier jour,
Nuages insensibles et que rien n’autorise,
Leurs graines brûlent
Dans les feux de paille de mes regards.
A la fin, pour se couvrir d’une aube
Il faudra que le ciel soit aussi pur que la nuit.
1925. — Capitale de la douleur.
EXIL
A Paul Delvaux.
Parmi les bijoux les palais des campagnes
Pour diminuer le ciel
De,grandes femmes immobiles
Les jours résistants de l’été
Pleurer pour voir venir ces femmes
Régner sur la mort rêver sous la terre
Elles ni vides ni stériles
Mais sans hardiesse
Et leurs seins baignant leur miroir
Œil nu dans la clairière de l’attente
Elles tranquilles et plus belles d’être semblables
Loin de l’odeur destructrice des fleurs
Loin de la forme explosive des fruits
Loin des gestes utiles les timides
Livrées à leur destin ne rien connaître qu’elles-mêmes.
1938.
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